Appel à communication

Les jeunes chercheur·ses intéressé.es sont invité.es à proposer des contributions pour partager leurs expériences, leurs questionnements et leurs approches méthodologiques afin d’échanger avec leurs pairs durant cette journée.

 

Modalités de réponse à l'appel à contribution

Les projets de communication doivent être présentés selon le plan type suivant (2 pages maximum) :
 
Titre de la communication, nom(s) d'auteur·trice(s) ; adresse(s) électronique(s) de ou des auteur·trices [en cas de co-auteur·trices, souligner le nom du correspondant], organisme d'appartenance du ou des auteurs, statut (étudiant.es en M2, doctorant.es, etc.).
 
La proposition de communication comprendra les points suivants :
 
- exposé bref de la problématique et de son enjeu au regard du thème de la journée d'étude ;
- mots-clés
- articulation avec la problématique proposée ;
- positionnement théorique ;
- démarche de recherche adoptée ; 
- bibliographie sélective.
Ces projets seront exclusivement soumis par voie électronique avant le 1er février 2019 via l'onglet Déposer du site.
 
 

La posture du·de la chercheur.se

La posture est définie comme « un ensemble particulièrement massif d'éléments d'ordre matériel, subjectif et structurel par lesquels il [le chercheur] se trouve immergé et engagé dans le social » (Alphandéry & Bobbé, 2014, p. 3), ce qui peut s’incarner concrètement dans « la position que le chercheur occupe par rapport à ses objets de recherche, à ses interlocuteurs, à son terrain, mais aussi à ses pairs et aux institutions qui structurent et/ou financent ses activités » (Alphandéry & Bobbé, 2014).

La notion de posture de recherche doit amener le·la chercheur·se à avoir une réflexivité sur la méthode qu’il·elle utilise et la méthodologie à laquelle il·elle fait référence. In fine, ce mouvement réflexif amène à des questions d'ordre épistémologique sur la production du savoir et des connaissances. La posture se définit à la fois selon l'ancrage épistémologique, le questionnement de la recherche et la démarche de recherche adoptée en lien avec le terrain de recherche et les acteur·trices qui le composent, dans un mouvement itératif. C’est bien la notion de normativité de la posture de recherche du.de la chercheur·se qui est questionnée ici. La posture « pratique » dans l’enquête nécessite des ajustements et pourra avoir des impacts d’ordre épistémologique sur le travail de recherche, voire modifier la question de recherche. Elle est donc amenée à évoluer dans le temps, y compris lors d'un même travail de recherche. Elle ne dépend pas seulement du.de la chercheur·se, mais aussi des interactions et des relations nouées avec les acteur·trices dans le cadre de la recherche. En effet, selon les événements auxquels le.la chercheur.se est confronté·e, le terrain d'enquête va évoluer et ainsi modifier la posture pratique du·de la chercheur·se, appelant nécessairement à une reconsidération épistémologique de la posture de recherche. C’est pourquoi, d’un point de vue aussi bien méthodologique, qu’épistémologique, il n'y a pas une bonne posture de recherche, ni une bonne posture dans la pratique (De Sardan, 1995). La définition d’une posture de recherche se construit dans un processus dynamique dans la pratique de la recherche, en ayant une démarche réflexive qui interroge le statut même de la production. Le rôle du·de la chercheur·se consiste à pouvoir identifier les facteurs, les événements qui vont venir modifier cette posture afin de pouvoir les objectiver puis de les analyser, constituant alors un des résultats de l'enquête. C'est notamment ce qui peut venir questionner le choix de la participation observante à l'observation participante (Bastien, 2007).

S’interroger sur la posture du·de la chercheur·se dans une "recherche en action" (incluant une implication du·de la chercheuse sur le terrain aux côtés des acteur·trices), c’est aussi adopter une position en décalage avec la posture du·de la chercheur·se, telle qu’elle est institutionnalisée dans le monde universitaire et de la recherche : ici le·la chercheur·se s’implique et travaille avec les acteur·trices, sur le terrain il·elle est amené·e à prendre part, plutôt que de choisir d’analyser à distance, par l’objectivation. Ces pratiques de recherche en action restent mal considérées à l’université, relativement aux disciplines concernées, ce qui rend parfois plus difficile leur mise en œuvre, en particulier en tant que jeunes chercheur·ses ou doctorant·es.

Le·la chercheur·se et son environnement

En France, on observe une tendance à l'augmentation de la part des financements privés de recherches doctorales notamment par le dispositif des thèses en CIFRE (1400 en 2016 d'après l'ANRT 2017), qui invite à réfléchir collectivement à la posture épistémologique du.de la chercheur.se (Collectif Redi, 2011). Précisons qu’une thèse en CIFRE n’implique pas nécessairement une démarche de co-construction et de co-production, néanmoins, dans le cadre de cette journée, il s’agit plus particulièrement de s’intéresser à ce cas particulier. Dans une thèse réalisée dans le cadre d’une CIFRE, le·la doctorant·e construit une posture épistémologique de recherche qui s'articule avec une posture professionnelle. Le.la doctorante est amené·e à coordonner différentes activités qui ne sont pas toujours entièrement dédiées à son travail de recherche. Il·elle est amené·e à réaliser des activités pour l'entreprise qui le.la salarie, parfois au détriment d'un temps suffisant dédié à son travail de recherche (comme le montre la réalité de la pratique de la recherche en CIFRE), au risque de laisser de côté son travail d'analyse. La définition de la posture épistémologique du.de la chercheur·se va déterminer la posture professionnelle sur son terrain d'enquête, avec les acteur·trices. Évolutive car dynamique, cette posture épistémologique doit néanmoins être cohérente avec la thèse argumentée par le·la doctorant·e. L'expérience de la pratique du terrain peut modifier la posture du·de la doctorant·e, en conséquence de problèmes émergeant avec les acteur·trices (conflits, différence de temporalité, exigence de travail sur le terrain). C'est pourquoi il peut être nécessaire de discuter avec les acteur·trices les modalités de recueil des données de terrain , en amont de la recherche, et de clarifier les attentes réciproques, le matériel mis à disposition, les missions, l’orientation de l'enquête, les modalités de réalisation, et d’analyse des résultats. 

La recherche en coopération

Le travail de recherche peut s'inscrire également dans le cadre d'une recherche partenariale ou collaborative (Gillet, Tremblay, 2017) d'une co-recherche (Cavazzini, 2013) ou d'une recherche-action (Desroche, Saint-Luc, 2012) qui impliquent une coopération à différents niveaux et selon différentes postures épistémologiques, dans la construction du problème et dans la production même du savoir. L'analyse institutionnelle (Lourau, 1969) et la sociologie d’intervention (Touraine, 1978 ; Bernardeau Moreau, 2014) constituent également des démarches de recherche qui allient production de connaissances et d'actions. Cette courte énumération ne reflète pas la diversité des approches en matière de recherche en action. Ces différentes démarches de recherche ont la particularité de produire du savoir au sein de l'action. La démarche s'articule alors de procédés d'enquête qui vont favoriser la co-construction du problème, son analyse et la recherche de solutions avec les acteur·trices : séminaires, focus-groupe, ateliers de co-construction, etc. La volonté de créer des espaces de co-production articulant action et recherche se traduit par l'émergence de démarches politiques (Publication du Livre Blanc du collectif ALLISS) ou par la création d'organisations qui adoptent une démarche de recherche pour travailler avec des acteurs (Institut européen de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération, Institut Godin, La Manufacture coopérative, etc.). Dans cette perspective de faire avec et pour des acteur·trices, le·la chercheur·se est amené·e à rejoindre une question et une intention de transformation qu'il·elle fait siennes, à s'engager subjectivement, dans une perspective de transformation d'une situation donnée.

Ces démarches viennent questionner les pratiques de recherche normatives et institutionnalisées dans les universités, encore trop souvent dépréciées et dévalorisées par les institutions. La difficulté pour les jeunes chercheur·ses résident dans la capacité à faire reconnaître la pertinence de leur approche et l’objectivité de leurs résultats, notamment à des fins de publications dans des revues scientifiques.
 
Ces différents constats nous amènent à plusieurs questions qui seront abordées durant la journée et auxquelles les doctorant·es sont invité·es à proposer des communications (centrées sur des problématiques concrètes à partir de leur expérience de terrain), afin de pouvoir travailler, à partir des problèmes qu'ils ont identifiés ou vécus durant leur travail de recherche, les différentes postures épistémologiques de la "recherche en action".

Les axes de travail de la journée : 

  • Quelles postures épistémologiques pour le ou la chercheur·se dans le cadre d'une « recherche en action » ? 
  • Quels sont les processus de construction d'une posture de recherche ?
  • Comment traduire une posture épistémologique dans la pratique de la réalisation d’une enquête ?
  • Quels sont les facteurs qui sont susceptibles de la faire évoluer ?
  • En quoi la co-production de connaissance dans l'action module la posture épistémologique adoptée par le.la chercheur·ses ?
  • Dans une CIFRE, comment concilier posture professionnelle et posture de recherche ?
  • Comment les dispositifs de recherche impliquant questionnent les modalités de production du savoir ?

Bibliographie sélective

Bobbé S. et Alphandery P. (dir.), « Chercher. S'engager ? », Communications, n° 94, Paris, Seuil, p. 165, 2014.

Dulaurans M., « Une recherche dans l’action : le cas d’une CIFRE en collectivité territoriale », Communication et organisation, 41 | 2012, URL : http://communicationorganisation.revues.org/3813

Gillet A. et Tremblay D.-G. (dir.), Les recherches partenariales et collaboratives, Rennes, PUR, p. 336, 2017.

Le Dilosquer, P.-Y., Les déterminants d’une posture intervenante. Education Permanente, 2018-1 Actualité de l'intervention (214), 131‑142, 2018.

Soulé B., « Observation participante ou participation observante ? Usages et justifications de la notion de participation observante en sciences sociales », Recherches qualitatives, Vol. 27 (1), pp. 127-140, 2007.

Allard Poesi F. et Perret V., « La Recherche-Action », in Y. Giordano (Dir.), Conduire un projet de recherche, une perspective qualitative, Caen : EMS, 2003, pp. 85-132. URL : https://hal-upec-upem.archives-ouvertes.fr/hal-01490609/file/R-A%20version%20d%C3%A9finitive%202.pdf

Carnet Hypotheses ADCIFRESHS. URL: https://adcifreshs.hypotheses.org/  

Collectif Redi, Le dispositif Cifre en sciences humaines : une génération hybride entre recherche et action, Compte-rendu du séminaire de formation à la recherche, 2011.

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